Signature de l’ancêtre tirée du greffe d’Antoine Adhémar, le 10 octobre 1673
Historique de Nicolas Peltier et des premières générations en Nouvelle-France :
La première famille Pelletier à prendre souche en Nouvelle-France est celle de Nicolas Peltier (1596–c.1679), débarqué à Québec accompagné de son épouse, Jeanne de Voisy (c.1612–1689) et de leurs deux fils, Jean et François (c.1633–1692 et c.1635–c.1688, respectivement).
Nicolas Peltier est originaire de la paroisse Saint-Pierre Saint-Paul de Gallardon en Beauce, située au sud-est de Paris au confluent de la Voise et du ruisseau d’Ocre. L’église de Gallardon, comme beaucoup de nos édifices religieux, est dédiée à Saint Pierre et à Saint Paul. Fondée au début du XIe siècle sous le vocable de la Bienheureuse Vierge Marie, on la consacre de nouveau au XIIIe siècle. La construction garde l’empreinte de trois époques architecturales : romaine, gothique et la Renaissance. C’est dans cette église que l’ancêtre Nicolas fut baptisé le 4 juin 1596.
Arrivé à Québec vers 1636, le couple Nicolas Peltier et Jeanne de Voisy y vit jusqu’en 1645 et Nicolas y travaille comme charpentier : en 1639, avec son collègue charpentier, Pierre Pelletier, il fait une expertise des colombages de la maison de feu Guillaume Hébert [NDLR : L’identité de ce Pierre Pelletier reste inconnue; il se peut que ce soit le frère de Nicolas; chose certaine, il n’est pas le pionnier de St-Martin-de-Fraigneau qui est encore en France à ce moment-là]; il construit le comble de l’église Notre-Dame de Québec en 1647; il construit le toit du Château Saint-Louis en 1648; et il construit plusieurs autres charpentes de maison ou de granges pendant la décennie qui suit. Le 12 septembre 1645 le Gouverneur Charles Huault de Montmagny donne à Nicolas cinquante arpents dans la seigneurie de Sillery où la famille s’y établit vers ce même temps.
Maître-charpentier Nicolas Peltier et Jeanne de Voisy arrivent dans la colonie avec deux enfants, Jean (c.1633–1692) et François (c.1635–c.1688). Au fil des ans, six autres enfants viennent s’ajouter à la famille : Marie (1637–après 1711); Louise (1640–1713); Françoise (1642–1707); Jeanne (1644–1715); Geneviève (1646–1717); Nicolas (1649–1729). Comme pour les autres ancêtres (pionniers) Pelletier, les enfants et petits-enfants s’installent dans différentes régions du Québec et plusieurs vont explorer l’ouest du continent américain. Deux des enfants tâtent de la vie aventureuse: François et Nicolas. Le premier fait la traite de fourrure avec Noël Jérémie dit La Montagne, qui deviendra plus tard son beau-frère en épousant Jeanne Pelletier en 1659.
Plus tard, le 22 octobre 1675, François Pelletier dit Antaya et Marguerite Morisseau, son épouse, achètent de Philippe Gauthier de Comporté la seigneurie d’Orvilliers, située sur le fleuve Saint-Laurent (fief d’Orvilliers d’une demi-lieue de front sur une lieue de profondeur). François et Marguerite lèguent la moitié du fief à leur fils Jean-Baptiste dit Pierre Pelletier dit Antaya (1676–1757), puis 1/10 chacun à leurs autres enfants : Marie-Angélique (1662–1741); Marguerite (1666–????); Geneviève (1668–après 1716); Catherine (c.1672–après 1716); Michel (c.1674–c.1744).
La mairie de Gallardon vers 1900
La mairie de Gallardon, juillet 2005
Nicolas Peltier fils, benjamin de la famille du pionnier Nicolas, habitera le poste de Tadoussac puis sera le premier homme blanc à s’installer en permanence au Saguenay–Lac Saint-Jean. Il a également inspiré l’imagination de plusieurs écrivains. Claire Domey, dans son roman « Ilinishu, Enfant des Bois » (roman inspiré de « l’Histoire du Saguenay »), raconte la vie de Nicolas Peltier fils et de son fils, Charles (1679–1741) – dit Ilinishu dans le roman – et leur vie de pionnier au Lac St-Jean. Arthur Buis imagina un personnage fantastique et se demande si ce Peltier était un « coureur des bois », un philosophe ou un ermite.
Voici un texte tiré de « l’Almanach historique du Saguenay », paru dans le Quotidien de Chicoutimi en juin 1988 : « Personnage original, Nicolas Peltier vécut au Saguenay dans un lieu qui conserva son nom. En effet, sur la carte de la partie du Domaine des postes du Roy, visitée en 1732 par l’arpenteur Joseph-Laurent Normandin, on indique qu’à 183 milles du Lac St-Jean se situe l’établissement de M. Peltier. »
Par contre, Nicolas Peltier fils ne suscita pas la même admiration chez tout le monde. Mgr Amédée Gosselin se fit même très sévère à son égard : « Il n’était ni un philosophe, ni un ermite, mais un coureur des bois, un commis de messieurs les intéressés et, ce qui est plus grave, un Canadien-français devenu sauvage de mœurs. »
Nous terminerons par une pensée tirée de la conférence que Mme Mona Gauthier nous donnait lors du 2e Ralliement de l’Association des familles Pelletier à Laval en 1988. Faisant une promenade en raquette dans la banlieue de Saint-Fulgence, alors qu’elle admirait le beau paysage, elle dit : « Je voulais savoir quel avait été cet homme qui avait pu admirer comme je le faisais maintenant la magnificence du Saguenay à cet endroit où il se perd entre les montagnes après avoir formé la célèbre Baie des Ha ». Oui, elle nous livre dans cette conférence sa recherche du personnage qui, sans s’en douter de son vivant, laisse son nom à un lieu aussi poétique que cette « Anse-à-Peltier ».
Claude E Pelletier, m.g.a. et Laure Gauthier, m.g.a.
Texte révisé par Benoit Pelletier Shoja, décembre 2009
Les dernières nouvelles de Nicolas Peltier et de sa famille à Gallardon
Le 21 juillet 2005 aux Archives départementales d’Eure-et-Loir à Chartres, dans le greffe d’un notaire gallardonnais du XVIIe siècle, un descendant de Nicolas Peltier, soit Benoît Pelletier-Shoja, retrouva le contrat d’apprentissage de son ancêtre, qui date du 29 février 1612. Ce contrat est important – voire inestimable – pour plusieurs raisons.
D’abord, il porte la signature de Nicolas Peltier, ce qui nous permet de prouver irréfutablement et donc définitivement qu’il s’agit du pionnier canadien.
Signature de l’ancêtre tirée du greffe de Jean Fullone, le 29 février 1612
Ensuite, il renforce ce que l’on savait déjà des origines de l’ancêtre; c’est-à-dire, qu’il venait de « la paroisse de St-Pierre de Gallardon en beausse [sic] », selon le registre de Notre-Dame de Québec, le 17 octobre 1650.
Le contrat porte aussi la signature de celui qui a instruit le jeune Nicolas dans l’art de la charpenterie, métier que ce dernier continuerait plus tard à exercer en Nouvelle-France. Ce maître-charpentier s’appelait Michel Delaval, et le contrat porte non seulement sa signature à lui, mais aussi sa marque. Il a tracé en dessous de sa signature la silhouette une hache à main, outil indispensable d’un charpentier-menuisier pour tailler les poutres et poteaux. Cette marque identificatoire aurait sans doute été gravée aussi sur les charpentes construites par Delaval.
En plus il montre que Michel Delaval demeurait à Épernon, commune périphérique de Gallardon, où il aurait fort probablement emmené son jeune élève. Ceci représente le premier indice des premières migrations du pionnier avant son arrivée à Québec en 1636.
Néanmoins, l’ultime raison pour laquelle ce document est tellement précieux, c’est qu’il porte les noms des parents de Nicolas Peltier! Il serait donc plus tard la clé pour ouvrir les recherches dans les registres paroissiaux de Gallardon.
Fac-similé du contrat rédigé à Gallardon le 29 février 1612 par Jean Fullone Date du contrat, tirée d’une page précédente
Première partie du contrat (recto)
Seconde partie du contrat (verso)
Photos : courtoisie d’Éric Blaise
Transcription :
Du mercredy vingtneufviesme et dernier jour de febvrier 1612 Fut presente simonne pichereau veuve de deffunct francoys pelletyer demeurant a gallardon laquelle baille comme aprenty et alleve du premier jour de mars prochain jusqu’ à quatre ans ensuivant à michel delaval maistre charpentyer demeurant a espernon present, cest assavoir nicollas pelletyer filz dudyt deffunt pelletyer et deladyte pichereau ses pere et mere pour par ledyt delaval son maistre luy aprendre monstrer & enseigner sondyt estat de charpentyer & luy querir & aprester son boire manger [mecher] [ de] chaufer blanchir tant sain que malade durant ledyt temps et oultre alacharge de par ledyt delaval son maistre l’entretenir tant d’habits que linges et chaussures selon qu’a son estat et qualitte apartient [________] aussi que ledyt nicollas pelletyer sera tenu servir ledyt delaval son maistre a sondyt estat et a touttes ses autres affaires licittes & honnestes que luy commendera sans s’en deffier n’y ailleurs servir a quoy faire ledyt pelletyer sy est [s ] & [oblige] mesme par enprisonnement de sa personne ce bail faict [_____] & alacharge que ledyt pelletyer sera tenu servir sondyt maistre durant ledyt temps sans luy en payer aucune chose car ainsy en presence maistre thomas deleau [___________________________] lesdytes partyes [_______________] NICOLAS PELTIER MICHEL DELAVAL [avec hache à main] ABRAHAM DELEAUE [avec paraphe] [avec paraphe]
L’original de ce contrat est conservé aux Archives départementales d’Eure-et-Loir (cote : 2 E 49 / 35). Transcription faite par Michel Thibault, Brigitte Féret et Benoît Pelletier-Shoja, avec l’aide additionnelle d’Émilie Lebailly et de Guy Perron. Il est à noter que l’orthographe conforme au document original et que les caractères en italique « complètent » les abréviations et raccourcissement employés par le notaire.
Les registres de la paroisse Saint-Pierre Saint-Paul de Gallardon :
On ne peut parler des registres de la paroisse de Gallardon sans mentionner – et bien évidemment remercier – Florine Perry, adjointe administrative principale responsable de l’état civil à la Mairie de cette ville. Dire que Mlle Perry est amie des Pelletier, ce n’est pas assez dire. Sans connaître ni Nicolas Peltier ni le jeune États-unien qui lui écrivait pour lui demander des renseignements sur la famille de son ancêtre, sans même savoir ce qu’elle pourrait trouver, elle s’est impliquée dans l’immense tache de relier les descendants de cet « enfant du pays » avec leur ancêtre. Mlle Perry a non seulement accordé aux descendants de Nicolas l’accès aux plus anciens registres de Gallardon, elle a aussi fait maintes recherches elle-même, tant dans les archives municipales qu’aux Archives départementales d’Eure-et-Loir – sans parler de son rôle dans l’inauguration à Gallardon d’une plaque commémorative en honneur de Nicolas Peltier. Avec l’aide précieuse de Maurice Vié, historien érudit, chercheur infatigable et auteur de plusieurs tomes sur l’histoire de Gallardon et ses environs, Mlle Perry nous a permis de « toucher » à la vie de la grande famille Pelletier de Gallardon.
À la suite du découvert du contrat d’apprentissage de Nicolas Peltier et armé des noms des parents de son ancêtre, Benoît Pelletier-Shoja s’est plongé dans les plus anciens registres de la paroisse Saint-Pierre Saint-Paul de Gallardon.
Dans le second registre, qui commence en mars 1591, il n’a pas retrouvé qu’une sœur aînée de Nicolas; il en a retrouvé trois. Nicolas était le quatrième enfant et le premier fils de sa famille. Ses parents ont fini par avoir treize enfants, soit neuf filles et quatre fils, à partir de 1592 et jusqu’en 1610. Par contre, faute de recherche effectuée là-dessus, il est impossible en ce moment de confirmer combien parmi eux ont atteint l’âge adulte.
Les enfants de François Pelletier et Simone Pichereau, baptisés en l’église Saint-Pierre Saint-Paul de Gallardon :
Simone Pelletier, le 16 novembre 1592
Le lundy seizeesme jour de novembre a esté baptiza symonne fille de francoys pelletier et de symonne pichereau ses peres et meres jehan janes et marion bernarde femme de marin beauchesne et marie pichereau veufve de jacques vigoureux tous de ceste paroisse
Philippe Pelletier, le 18 octobre 1593
Le dixhuictiesme jour fut baptize philippe fille de de francoys pelletier et simonne pichereau ces pere et mere pasquier pichereau philippe garnier et je jehanne riole ces parains et maraines
Jeanne Pelletier, le 3 avril 1595
Le troysiesme jour du mois fut baptisée jehanne pelletier fille de francoys pelletier le paren marin [beausejour?] les maraines jehanne goicedde femme de jehan bernard et marie pichereau femme de vincent collibert
Nicolas Peltier, le 4 juin 1596
1596 quarto die mensis junii baptizatus fuit nicolaus filius francisci pelletier et simone pichereau eius uxoris patrini nicolaus brebier et eligius pelletier matrina vero mathurine moinaut uxor pascasii pichereau
Transcription du latin par Michel Thibault
1596 le quatrième jour du mois de juin fut baptisé Nicolas fils de François Pelletier et de Simone Pichereau sa femme; les parrains Nicolas Brebier et Éloi Pelletier la marraine Mathurine Moinaut femme de Pasquier Pichereau
Marie Pelletier, le 11 mars 1598
Le ii jour dud moys a este baptisse marie le peltier fille de francoys le peltier et simonne picheriau les parrains jehan martin et demoiselle katherine derouet et germaine peltier
Marie Pelletier, le 10 février 1599
Le dixiesme jour dud moys a este baptizee marie peltier fille de francoys peltier et de simonne pycherelle le parain claude du boys les maraines marie garnier et marie de la roche
Jeanne Pelletier, le 11 juillet 1600
1600 Martis undecima easdem mensis baptizata fuit johanna filia francisci peltier et symonne pychereau eius uxoris patrinus georgius peltier matrinae maria pychereau et johanna baudouyn 1600 le mardi onzième du même mois fut baptisée Jeanne fille de François Pelletier et Simone Pichereau sa femme parrain Georges Pelletier marraines Marie Pichereau et Jeanne Beaudouin
Éloy Pelletier, le 23 janvier 1602
1602 vigesima tertius die mensis januarii babtizatus fuit eligius filius francisci pelletier et simone pichereau eius uxoris patrini eligius boudon et joannus fullone [____] matrina vero joanna boudon uxor eligii vassort 1602 le vingt-troisième jour du mois de janvier fut baptisé Éloi fils de François Pelletier et Simone Pichereau sa femme parrains Éloi Boudon et [Maître?] Jean Fullone marraine Jeanne Boudon femme d’Éloi Vassort
Pierre Pelletier, le 18 novembre 1603
Traduction du latin :
Le dix-huitième jour du mois fut baptisé Pierre fils de François Pelletier et Simone Pichereau sa femme furent parrains Pierre Beauchesne et Nicolas fils d’Éloi Pelletier fut marraine Jeanne femme de Claude Duboys
Nathalie Pelletier, le 10 avril 1605
Traduction du latin :
Le dixième jour d’avril de la même année fut baptisée Nathalie fille de François Pelletier et Simone Pichereau fut parrain Mathurin Bisson marraines Nathalie Naufray et Étiennette Janet
Marguerite Pelletier, le 10 novembre 1606
Traduction du latin :
Le même jour fut baptisée Marguerite fille de François Pelletier et Simone Pichereau fut parrain Jean Yesme marraines Marguerite Mauguin et Mathurine Colibert [signé] MARCHANT
Philippe Pelletier, le 22 février 1609
Le dict jour environ sept heures du soir fut baptize Philippe fils de francoys pelletier et de simonne pichereau sa femme les parains noble homme Philippe Desessarts et André pelletier la maraine Adrienne haury femme de michel Abraham
Simone Pelletier, le 13 juin 1610
Le treise iesme jour dudit mois a este baptisse simonne peltier fille de francoies peltier simonne picherelle ces pere et mere et le parain gilles collabert et la maraine jaqueline abray [signé] GILLES COLLIBER JACQUELINE
Ces images des actes de baptême des enfants Pelletier nous proviennent des Archives départementales d’Eure-et-Loir. Le directeur des Archives, Michel Tibault, nous signale que d’ici deux ans, les Archives départementales d’Eure-et-Loir vont offrir, dans son site d’Internet (archives28.fr), des images numérisées de tout l’état civil du département, y compris donc celui de Gallardon, antérieur de 1853. Or les actes de sépulture de Gallardon ne sont conservés avant 1658, mais étant donné que le mot « défunt » est absent de l’acte de baptême de Simone, nous pouvons déduire que son père était encore vivant en juin 1610. Il est donc décédé au cours des vingt mois entre la naissance de Simone et la signature du contrat d’apprentissage de Nicolas. M. Thibault indique : « Il est donc probable que le décès du père n'ait pas seulement interdit à son fils d'apprendre le métier paternel mais ait aussi posé à sa veuve un redoutable problème de subsistance : on ignore tout du métier du père et donc des moyens d'existence de sa famille, mais il est possible que Nicolas ait été placé très jeune en apprentissage tout simplement parce que sa mère n'avait pas les moyens de subvenir après son veuvage aux besoins de sa progéniture ». Benoît Pelletier-Shoja courriel : LaFranceLaPerse@gmail.com
29 octobre 2005
Nashua, New Hampshire
Anciens tableaux de Gallardon :
Ce tableau date de 1780. Au centre on voit l’église Saint-Pierre Saint-Paul. À gauche, les ruines du château-fort de Gallardon détruit pendant la Guerre de Cent Ans par le Dauphin, futur Charles VII, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. Après sa victoire sur les forces anglaises en juin 1421, Charles a fait miner le château, dans l’espoir que la guerre ne revienne plus jamais à Gallardon. Après le minage, un éclat d’une des tours de la forteresse tint debout. Le donjon, dit « l’Épaule de Gallardon » depuis le XVIIIe siècle, est toujours de nos jours tel qu'il est représenté sur ce tableau.
Ce deuxième tableau montre Gallardon au début du XIXe siècle, avec des toits couverts de chaume ainsi que la « porte Mouton » qui fut détruite par les habitants de Gallardon en 1848. Les pierres de cette porte comme celles des remparts et des vieilles églises de la cité ont servi aux gens pour construire leurs maisons. Selon Maurice Vié : « La porte Mouton (ou porte Archer) commandait l’arrivée vers Maintenon, et aussi les hameaux du Ménil et Baglainval ». Les hameaux de Germonval (direction Rambouillet) et du Ménil n'étaient pas dans l'enceinte même de Gallardon, car la ville en elle-même était petite mais ils étaient juste à côté; et c'est là au temps de Nicolas que vivait grand nombre de Pelletier.
Photos : courtoisie d’Éric Blaise
En mémoire de Nicolas; une plaque, un monument
Plus de deux ans ont se sont écoulées depuis la réception de l’invitation du maire de Gallardon à venir assister au dévoilement d’une plaque en l’honneur et à la mémoire du pionnier Nicolas Peltier. L’association des familles Pelletier avait officiellement acceptée l’invitation à l’automne 2004 et, lors de la réunion du conseil d’administration d’avril 2005, je fût mandaté pour la représenter.
13 juillet 2005
Le point de rendez-vous donné était la mairie de Gallardon où m’attendait mademoiselle Florine Perry, chargée de l’état civil, et son futur époux, monsieur Éric Blaise. Il nous y attendait aussi, l’ami Benoit Pelletier Shoja, dont les membres de l’association ont pu lire les nombreux articles et les résultats de ses recherches sur son ancêtre.
Ils sont venus nous rejoindre plus tard ; Bill Peltier, son épouse Dorothy, son fils Christopher, sa bru et son petit fils Nathan. Bill s’était déjà rendu à Gallardon en 1999 d’où il nous avait rapporté de nombreuses photos des registres. Son récit fût publié à l’époque dans La Pelleterie .
14 juillet 2005
C’est à nouveau devant la mairie où, vers 10h00, nous avons officieusement rencontrer monsieur le Maire et les conseillers municipaux. Voici venu le moment d’une première surprise…
Une surprise de taille en la personne de Jacques Pelletier, 81 ans, ancien conseiller municipal né à Gallardon mais vivant à Chartres depuis quelques années. Il nous a relaté que son père lui a souvent dit dans sa jeunesse qu’ils avaient un ancêtre parti en Amérique. Est-il un descendant de Nicolas ? On ne peut le dire pour le moment, mais, il nous a affirmé avoir remonté sa lignée généalogique Gallardonnaise jusqu’au 17e siècle. Qu’il soit descendant de la même lignée ou non, c’est un Pelletier de Gallardon et ça nous suffit.
De gauche à droite, Nathan, Christopher et Bill Peltier, Pascal Pelletier, Jacques Pelletier et Benoit Pelletier Shoja.
Après quelques minutes de retard sur l’horaire prévu, nous avons pris la direction de Germonval, petit hameau situé à environ 2 km de Gallardon.
C’est monsieur Maurice Vié, historien local, qui a retrouvé dans les archives où se situait l’ancienne propriété dite « ferme Pelletier ». Sans pouvoir affirmer à 100% qu’il s’agit de l’endroit où est né Nicolas, il s’agit du lieu le plus approprié et celui choisi par les autorités pour l’installation de la plaque.
Alors, devant une cinquantaine de personnes, incluant les conseillers, les amis, les voisins, les résidants et deux journalistes, l’honneur est revenue à monsieur le maire, monsieur Beaufils, Benoit Pelletier Shoja, Bill Peltier, Christopher Peltier et moi-même de dévoiler et officialiser la plaque. Applaudissements !
Cette plaque est située à Germonval, hameau de Gallardon, France N48 31.822 E1 42.242
Nous avons constaté immédiatement le verbe prolifique du maire qui en improvisant, raconta combien il est important pour la France de souligner la mémoire de ses pionniers partis en Nouvelle-France pour y trouver, espéraient-ils, une vie meilleure.
Puis, je me suis avancé pour faire un petit discours basé sur la lettre adressé au maire par l’Association. Benoit Pelletier Shoja et Bill Peltier ont à tour de rôle remerciés les gens de Gallardon, monsieur le maire, les conseillers, madame Perry et monsieur Blaise, de leur dévouement pour souligner la mémoire de Nicolas Peltier.
Dès le retour à Gallardon on nous servit le vin d’honneur pendant lequel divers présents furent distribués, incluant celui offert par l’Association, «Les Terroirs du Québec», livre que j’ai remis au maire en guise de remerciement. À l’intérieur, un mot tout simple;
« Ce livre fût remis en ce 14 juillet 2005, jours du dévoilement à Germonval d’une plaque à la mémoire du pionnier Nicolas Peltier, ses descendants en Amérique et les membres de l’Association des familles Pelletier vous remercient chaleureusement. »
Je dois dire qu’il fût agréablement surpris de notre cadeau. Il a candidement avoué son ignorance vis-à-vis les produits du terroir québécois et que cela lui donnerait de nombreuses heures de découvertes dans les jours qui suivront. J’ai profité de ce moment pour lui remettre une lettre officielle de l’Association signé du président.
Le repas du midi, s’est déroulé dans un petit restaurant de Gallardon, mandaté pour nous faire découvrir des mets typiques de la région de l’Eure et Loire. De quoi nous retirer l’envie de manger pour quelques heures.
Après le repas, Maurice Vié est entré en scène pour nous faire découvrir Gallardon selon son regard historique. Véritable encyclopédie vivante, Il maîtrise très bien son sujet.
Les autorités n’ont pas lésinés pour nous ouvrir l’accès des lieux interdits au public. À l’église, Nous sommes montés jusqu’aux cloches et, Maurice Vié aidant, nous avons découvert de nombreux faits sur la construction de ces édifices religieux. À la vieille tour de Gallardon, ancienne partie d’un donjon, nous avons eu le droit de franchir les clôtures de sécurité pour aller toucher aux ruines et les photographier de près.
15 juillet 2005
Un petit extra avant de reprendre notre route vers La Rochelle, nous avons reçu l’invitation de participer à une visite de la ferme Pelletier, commenté par monsieur Vié. Le propriétaire des lieux ayant préféré attendre le lendemain pour nous offrir une visite intimiste de sa propriété.
Notre passage à Gallardon fût mémorable et nous avons été reçus par des amis comme si nous étions de la famille. Nous n’avons jamais eu à nous préoccuper de rien, seulement de vivre.
Pascal Pelletier août 2005.
Sillery, le 12 septembre 2005
Ce monument est situé :
2608, chemin St-Louis. Sillery (Québec) N 46.46.005 W071.16.376
Le 12 septembre 2005, l'Association des familles Pelletier à dévoilé à Sillery, un monument installé sur une partie de la terre que l'ancêtre Nicolas reçu en concession en 1645.
En complément au dévoilement, Benoit Pelletier Shoja, descendant de Nicolas Peltier et ardent chercheur sur l'historique de ses ancêtres Pelletier, prononça un discours relatant ses découvertes réalisés en France.
« Monsieur le Président du Conseil de l'Arrondissement de Sainte-Foy/Sillery; messieurs les membres du Conseil; Monsieur Dumas; Madame Blais-Gosselin; Mesdames et Messieurs les membres de l'Association des familles Pelletier; cousins; amis; invités : C'est une immense émotion qui remplit mon cœur en voyant ce monument qui honore ces hardis pionniers québécois, nos ancêtres Nicolas Peltier et Jeanne de Vousy. Au nom de leurs descendants dans le monde entier, je vous salue. Je vous remercie de tout mon cœur de cette célébration de la vie de nos aïeux. Grâce à ce monument, qui repose sur une partie des terres attribuées à cette famille il y a 360 ans aujourd’hui, tous ceux qui le verront, se rendront compte qu'ils se trouvent dans le berceau même de la famille Peltier en Amérique du Nord. Or malgré l'écart entre leur vie et la mienne, de quatre siècles et de onze générations, je suis toujours conscient de la vie extraordinaire de ce couple. Un jour de printemps comme il y en a tant, en l’an 1636, Nicolas et Jeanne ont entrepris un voyage empreint d'incertitude à travers un vaste océan, pour réaliser leurs ambitions dans le territoire hostile et implacable de la Nouvelle-France, où ils ont finalement réussi à établir leur famille. Entre 1633 et 1649, ils ont eu huit enfants; tous ont atteint l'age adulte. En 1681, leur progéniture comprenait trois fils, cinq filles, au-delà de soixante-dix petits-enfants, et même plusieurs arrière-petits-enfants; cinquante ans plus tard, c'était près d'un millier de descendants que l'on pouvait compter. La famille Peltier était donc à cette époque, la dixième plus grande famille souche québécoise [1] – ce qui n'est pas peu dire. Nicolas, lui, a vécu au-delà de 81 ans; ce qui est sans exagérer, plutôt extraordinaire pour l'époque. Sa lignée s'est perpétuée, et ses descendants continuent à prospérer, tant au Canada qu'aux États-Unis, ainsi que dans le monde entier.
Pour conclure cette première partie de mon exposé, encore une fois, je vous remercie, messieurs les membres du Conseil de l'Arrondissement d'avoir autorisé l'installation de ce monument ici sur ce glorieux site de la Maison Hamel-Bruneau, sur les terres qui appartenaient jadis à Nicolas Peltier, merci aussi à tous ceux qui ont aidé à réaliser cet événement extraordinaire. En particulier M. Denis Pelletier, M. Guy-R. Pelletier et M. Marcel Pelletier de l'Association des familles Pelletier; et M. Éric Dumas, responsable des équipements patrimoniaux de l'Arrondissement de Sainte-Foy/Sillery.
J'aimerais maintenant vous parler de la semaine que j'ai passée, en juillet 2005, aux archives départementales d'Eure-et-Loir situées à Chartres en France, à la recherche des traces de Nicolas Peltier. J'aimerais aussi vous en présenter les résultats. Tout d'abord, afin d'effectuer ces recherches, je me suis basé uniquement sur ce que l'on savait déjà des origines de l'ancêtre, selon les archives de la Nouvelle-France. C'est-à-dire : Les registres de Notre-Dame de Québec montrent que le maître charpentier Nicolas Peltier était originaire de la paroisse Saint-Pierre Saint-Paul de Gallardon en Beauce. Le recensement de 1667 indique qu'il était né vers 1590. Et, très important, plusieurs contrats notariés prouvent qu'il savait signer. Par contre, les noms de ses parents ainsi que la date de sa naissance, sont absents des Archives nationales du Québec. Aucun généalogiste n'a jamais connu ces deux renseignements importants. Or une fois rendu aux archives départementales, je me suis concentré strictement sur les minutes des notaires gallardonnais du début de dix-septième siècle. Étant donné l'énorme quantité de documents qu'entraînait cette recherche, je n'ai pu prendre le temps de lire ligne par ligne chaque contrat. J'ai plutôt fait particulière attention aux signatures en bas des contrats, toujours attentif au véritable « gribouillage » qu'est la signature de l'ancêtre.
Ma première journée aux archives, le lundi 18 juillet, j'ai consulté six volumes d'actes notariés; chaque registre comprenait environ 400 ou 500 pages. À ma grande déception, quoique les signatures de plusieurs Pelletier gallardonnais abondent dans ces registres, je n'y ai retrouvé aucune trace de Nicolas. Le lendemain j'ai consulté encore d'autres registres notariaux. Pendant huit heures de suite, j'en ai consulté cette journée-là, treize. Encore une fois, j'ai rencontré bien des Pelletier de Gallardon, mais aucune trace de celui que je cherchais. Le matin du mercredi 20 juillet, le directeur des archives, Michel Thibault, que j'avais prévenu de mon séjour en France, m'a offert une visite guidée personnelle du bâtiment des archives départementales. C'est un ancien séminaire, construit en 1722 et qui abrite les archives depuis cent ans. M. Thibault m'a avoué que c'est peut-être le pire endroit possible pour conserver d'une manière efficace les documents dont il est responsable. C'est la raison pour laquelle les archives sont transférées actuellement dans une nouvelle bâtisse. Or puisque je travaille, moi, aux Archives de l'État du New-Hampshire, M. Thibault m'a reçu comme collègue, d'où cette visite guidée personnelle. En plus de cela, il m'a aussi montré quelques documents uniques datant des VIIe, VIIIe et IXe siècles, ainsi que des plans moyenâgeux de Gallardon. Après ce chaleureux accueil et cette splendide visite aux archives, où j'ai pu connaître d'autres collègues français et discuter avec eux, cet après-midi-là je me suis remis à feuilleter les minutes des notaires de Gallardon. À la fin de la journée, j'avais déjà consulté trente registres notariaux différents, c'est-à-dire plus de 10,000 contrats individuels datant de 1606 jusqu'en 1630. Il ne me restait plus que deux jours aux archives, et je n'avais encore retrouvé aucune trace de Nicolas Peltier. Tout de même, j'avais de très bonnes raisons d'être content. Au début de l'année, en préparation de mon séjour en France, j'avais écrit à M. Thibault afin de lui poser des questions sur les archives. En me répondant, il m'a signalé qu'il était possible de consulter des images numérisées de l’état civil de toutes les communes du département, y compris donc celui de Gallardon, antérieur à 1853. Puisque je n'allais passer qu'une semaine aux archives et que je voulais consacrer le plus de temps possible à consulter les registres notariaux, j'ai osé demander s'il était possible d'acheter des cédéroms des images des plus anciens registres paroissiaux de Gallardon. À ma grande joie, M. Thibault a dit oui, puisque j’avais parcouru au moins 5,000 kilomètres pour arriver à Chartres, il n'y avait aucun problème là-dessus. Ensuite il a ajouté, « Mais je n'ai pas le droit de vous faire payer »! Aussi ce jour-là M. Thibault m'a-t-il offert non pas un, mais trois cédéroms de plus de 1,720 images des registres paroissiaux de Gallardon, à partir de 1578 et jusqu'en 1670! Quelle magnifique fin de ma troisième journée aux archives! Alors, après trois jours de rien d'autre que des déceptions en ce qui concerne les registres notariaux, lorsque j'ai ouvert mon premier registre ce quatrième matin-là, j'étais bien loin de me douter de ce que j'allais retrouver dans mon premier bouquin du jour. Un bouquin d'ailleurs que je n'avais pas projeté consulter car c'était indiqué dans l'index «en mauvais état ». Donc là, dans les minutes d'un notaire nommé Jean Fullone, pour l'année 1612, à la fin d'un contrat du 29 février, j'ai retrouvé, enfin, la signature de Nicolas Peltier! En lisant péniblement pour une première fois le texte du contrat qu’avait signé mon ancêtre, je me suis aperçu que ce document était très important – voire inestimable – pour plusieurs raisons. D'abord, il porte sa signature, ce qui nous permet de prouver irréfutablement et donc définitivement qu'il s'agit du pionnier québécois. Ensuite, il renforce ce que nous savons déjà : que Nicolas venait en fait de la paroisse de Gallardon. Mais de quoi s'agissait-il, dans ce contrat ? J'ai cru distinguer le mot « baille », ce qui m'a tout de suite fait penser que Nicolas louait une terre. Mais je n'ai pas retrouvé d'autres « mots-clés » d'une vente ou d'un bail d'une terre. Alors, plus tard, avec l'aide de M. Thibault, j'ai compris qu'il s'agissait du contrat d'apprentissage du jeune Nicolas Peltier. Il se faisait bailler « comme apprenti et élève » à un maître charpentier, celui qui l'a instruit dans l'art de la charpenterie, métier que Nicolas continuerait plus tard à exercer en Nouvelle-France. Ce maître charpentier s'appelait Michel Delaval, et le contrat porte non seulement sa signature à lui mais aussi sa marque. Il a tracé en dessous de sa signature la silhouette d'une hache à main, outil indispensable d'un charpentier menuisier pour tailler les poutres et les poteaux. Cette marque identificatoire aurait sans doute été gravée aussi sur toute œuvre réalisée par Delaval. En plus il montre que Delaval demeurait à Épernon, commune périphérique de Gallardon, où il aurait fort probablement emmené Nicolas. Ceci représente le premier indice des premières migrations du pionnier avant son arrivée à Québec en 1636. Tout de même, l'ultime raison pour laquelle ce document nous est tellement précieux, c'est qu'il porte les noms des parents de Nicolas Peltier ! Il serait donc plus tard la clé pour ouvrir mes recherches dans les registres paroissiaux de Gallardon. Or ayant retrouvé ce document le matin, ce n'est qu'à 5 heures de l'après-midi que j'ai pu avoir rendez-vous avec M. Thibault afin de continuer la lecture et confirmer mon interprétation limitée du texte. Ce dernier a fini par inviter une collègue, Brigitte Féret, responsable des services notariaux, et en nous mettant à trois nous avons pu déchiffrer une grande partie du contrat. Mais étant donné l'heure avancée, on a décidé de reprendre la lecture de ce document le lendemain après-midi, car M. Thibault serait absent le matin. Le lendemain j'ai passé toute la matinée à étudier, à déchiffrer et à transcrire le texte. Quoiqu'une vingtaine de mots me soit restée illisible, dont la plupart dans la conclusion banale du contrat, avec ce que nous avions pu déchiffrer la veille, j'ai réussi à saisir l'essentiel : Le père de Nicolas étant antérieurement décédé, ce dernier ne pouvait apprendre le métier paternel. La mère, n'ayant probablement plus les moyens de subvenir aux besoins de son fils, a dû donc le bailler à Michel Delaval, c'est-à-dire le donner, et ce, pendant les quatre années suivantes. Delaval a donc accepté – et je cite – de « lui apprendre, montrer et enseigner son dit état de charpentier, de lui quérir et apprêter son boire [et] manger » ... de « chauffer et blanchir tant sain que malade »... et d' « entretenir tant d'habits que linge et chaussures », tout à sa propre charge à lui. En échange de quoi, Nicolas – et je cite encore – « sera tenu servir ledit Delaval son maître à son dit état et à toutes ses autres affaires licites et honnêtes que lui commandera sans s'en défier ni ailleurs servir à quoi faire » … « durant ledit temps sans lui en payer aucune chose ». C'est cela l'interprétation à laquelle nous sommes enfin arrivés vendredi après-midi : c'est-à-dire M. Thibault, Mme Féret et moi-même, avec l'aide additionnelle d’Émilie Lebailly. Or bien sûr que cette histoire – ainsi que mes recherches – ne se termine pas ce jour-là. Rappelez-vous les trois cédéroms que m'avait gracieusement donnés M. Thibault ! Alors, une fois rentré chez moi, armé des noms des parents de Nicolas, je me suis mis à « feuilleter » les plus anciens registres de Gallardon. Dans le deuxième registre, qui commence en 1591, je n'ai pas retrouvé qu'une sœur aînée de Nicolas ; j'en ai retrouvé trois. Nicolas était le quatrième enfant et le premier fils de sa famille. Ses parents ont fini par avoir treize enfants, soit neuf filles et quatre fils, à partir de 1592 et jusqu'en 1610. Par contre je ne puis en ce moment confirmer combien parmi eux ont atteint l'âge adulte. Donc, le premier enfant de la famille Pelletier fut baptisé le 16 novembre 1592. Elle s'appelait Simone, qui était d'ailleurs le prénom de sa mère. Ensuite, le 18 octobre 1593 fut baptisée Philippe; et le 3 avril 1595, Jeanne. Puis, le 4 juin 1596, c'est Nicolas, parrainé par Nicolas Brebier, Éloi Pelletier et Mathurine Moinaut, femme de Pasquier Pichereau, qui lui, était un parent de la mère de l'enfant Après Nicolas, c'était Marie, baptisée le 11 mars 1598; et le 10 février 1599, c'est une deuxième enfant prénommée Marie. Le 11 juillet 1600, un deuxième enfant prénommé Jeanne fut baptisée, et le 23 janvier 1602, c'est le second fils de la famille, Éloi. Le 18 novembre 1603 fut baptisé le neuvième enfant de la famille, et le troisième fils, Pierre. Ses parrains furent Pierre Beauchesne et Nicolas Pelletier [2] , fils d'Éloi Pelletier ; sa marraine, Jeanne, femme de Claude Duboys. Or il se peut – et je ne puis le dire avec certitude – que ce Pierre soit le Pierre Pelletier « non identifié » nommé dans un contrat passé le 12 novembre 1639 à Québec devant le notaire Martial Piraube. Dans ce contrat, Nicolas Peltier et Pierre Pelletier, tous deux charpentiers, et Jean Éger, maçon, rendent compte de l'état de la maison de défunt Guillaume Hébert. Toutefois cette hypothèse qu'il s'agisse dans le contrat du frère de l'ancêtre, reste à prouver. Ensuite, furent baptisés, le 10 avril 1605, Nathalie; le 10 novembre 1606, Marguerite; le 22 février 1609, le dernier fils de la famille, Philippe; et finalement le 13 juin 1610, le dernier enfant de la famille, Simone. Pour récapituler, plusieurs renseignements jusqu'ici inconnus sur les origines et la famille de notre ancêtre ont été mis au jour. Nous savons que Nicolas Peltier avait neuf sœurs et trois frères, et nous connaissons le nom et la date de baptême de chacun. Nous connaissons enfin la date de baptême de l'ancêtre lui-même. Nous connaissons aussi le nom de sa mère, et même le nom du maître charpentier qui lui a appris l'art de la charpenterie. Alors, maintenant, je peux enfin vous dévoiler le dernier renseignement que j'ai à vous révéler, le prénom de son père : François. Sur cela, je vous remercie tous et toutes de votre présence en cet extraordinaire après-midi, et je vous remercie de votre attention. Merci beaucoup.
[1] Marcel Fournier, « L'immigration européenne au Canada des origines à 1765 » , Mémoires de la Société généalogique canadienne-française, vol. 42, n° 2, p. 106 -124 (1991).
[2] Cet individu fut mal identifié comme pionnier québécois Nicolas Peltier dans l’article intitulé « Nicolas Peltier : A Chronicle, 1594-1678 » qui a paru dans Michigan’s Habitant Heritage (vol. 24, n° 2, avril 2004) et dans La Pelleterie (vol. 18, n° 2, été 2004). Des rétractions à cet effet ont déjà paru dans ces deux bulletins.
Le patronyme « Antaya » se rattache uniquement aux descendants de François Pelletier et de Marguerite Morisseau, qui se sont mariés le 26 septembre 1661 en la mission Saint-Joseph de Sillery. François est le fils de Nicolas Peltier et de Jeanne de Vousy, originaires de la paroisse de Gallardon en Beauce (dans l’actuel département d’Eure-et-Loir). Il est le premier à porter ce nom, et ce ne sont que ses descendants qui le portent aujourd’hui. C’est donc un nom qui n’appartient qu’aux fils et filles de cette famille-souche québécoise.
À présent, nous ignorons l’origine du nom « Antaya »; le sens originel ne s’est pas transmis à nos jours. De plus, puisque François Pelletier ne savait ni écrire ni signer, il n’existe non plus aucune orthographe originelle de ce sobriquet.
Tout de même, la généalogiste soreloise Louise Pelletier, descendante de l’ancêtre Guillaume Pelletier, avance que « l’origine véritable du nom Antaya provient de souche montagnaise », et qu’il serait apparu pour la première fois en 1641 sous la forme « Antanyé » ou « Antangé ». Elle présente comme preuve à l’appui une carte de Québec datant de 1641 qui montre, dit-elle, l’« emplacement d’une cabane indienne près du ruisseau de la Canardière à Notre-Dame des Anges ». Quoique le nom inscrit sur la carte ne soit pas lisible dans la copie, Mme Pelletier confirme qu’il se lit « Antanyé » ou « Antangé », et qu’il est « probablement un nom montagnais ».
Il y a pourtant un généalogiste qui n’accepte pas les affirmations avancées par Louise Pelletier. Yves J. Antaya, originaire de la Colombie-britannique, a traduit le texte de Mme Pelletier sous le titre « The Antaya Family Story ». Celui-là tient que le nom n’est pas de souche montagnaise (une langue algonquienne) mais plutôt d’origine huronne (une langue iroquoise). Dans sa traduction, il indique des mots typiques montagnais, tels que « Nikabau » et « Pachabanokoué » en disant que ces mots-ci ne ressemblent guère au nom « Antaya ». De plus, il fait mention d’un vieux dictionnaire français-huron, écrit par les Jésuites aux dix-septième siècle, dans lequel se trouvent les mots « antaye » et « ataya », qui signifieraient, respectivement, « près des terres » et « le tabac ».
Les origines d’« Antaya » restent alors un mystère.
Toutefois, nous pouvons avancer avec certitude que la première fois qu’apparaît dans les archives de la Nouvelle-France le nom « Antaya » est le 22 août 1667 au greffe de Becquet : Marguerite Morisseau y est identifiée « la femme de François Pelletier dit Nontayé ». Puis, le 4 octobre suivant, aux délibérations de la Prévôté de Québec, elle est simplement « la femme d’Antaya ». Plus tard, en 1675, François et Marguerite s’achètent la Seigneurie d’Orvilliers qui, peu après, est connue sous le nom de la Seigneurie d’Antaya. En dernier lieu, ce sont les enfants de François et de Marguerite qui porteront le nom « Antaya » et qui le transmettront à leurs enfants, qui eux aussi feront de même.
Or une année avant la première apparition du nom, soit en juin 1666, François Pelletier se trouve parmi les 300 Français et Indiens qu’amène le Capitaine Pierre de Saurel contre les Iroquois qui avaient tué et capturé six ou sept soldats français. François a-t-il donc fait quelque chose de méritoire pendant la campagne pour mériter un surnom? Étant donné que c’était une expédition contre les Iroquois, on pourrait se demander quels Indiens accompagnaient le Sieur de Saurel. A l’époque, les Français maintenaient principalement des relations avec les tribus algonquiens: le Micmac, le Montagnais, l’Algonquin, l’Attikamek, le Népissingue, l’Abénaquis, l’Outaouais et l’Ojibwé. Le nom « Antaya » vient-il donc d’une langue algonquienne? Ou est-il dû plutôt au mariage en 1660 de François avec Dorothée, la « sauvagesse » mentionnée dans le Journal des Jésuites? Ou n’est-il lié à aucun événement spécifique? Il se pourrait qu’il soit un surnom lui donné par ses amis et ses voisins habitant Sillery, qu’ils soient Amérindiens ou non; ou par ceux avec qui il commerçait, ailleurs. François était après tout un habile coureur de bois et il aurait sans doute eu des contacts un peu partout dans la société amérindienne de l’époque.
Pour l’instant, donc, la question des origines du nom « Antaya » demeure un mystère; un jour peut-être une réponse définitive s’établira, nous l’espérons bien.