Notes pour: Jean Gaussin dit Saint-Germain,

Notes pour: Jean Gaussin dit Saint-Germain,

texte par le frère Côme Saint-Germain (Joseph-Anatole St-Germain) des Frères de la Charité.

"Le ler mai 1706, Michel Trottier, sieur Beaubien, seigneur de la Rivière-du-Loup, concède à Jean Gaussin dit Saint-Germain, maître cordonnier, du c6té gauche de la grande rivière du Loup, tout ce qui se trouvera de front entre la terre de défunt Labretonnière et une des deux propriétés de Jean de Gerlaise, jusqu'à la seigneurie de la dame Grandpré, avec droit de commune (minute de Normandin). Où avait demeuré auparavant Jean Gaussin, notre maître cordonnier?

Je suis d'opinion que c'est chez François Banhiac, dont il avait été, comme on l'a vu, le parrain de la fille. Peut-etre était-il au pays depuis deux ou trois ans et, par engagement, travaillait-il pour le sabotier. D'ailleurs, on va s'en rendre compte, il fut très lié à cette famille. En effet, le 29 mai, un peu moins de quatre semaines après avoir obtenu un terrain dans ].a seigneurie, il fait rédiger un contrat de mariage entre lui et Geneviève Banhiac, fille de François et de Marie Pelletier et soeur de la filleule du 3 mai 1705.

Cela se passe par-devant le même notaire Normandin, en présence de Michel Trottier et, dit-on, en la maison du dit Caussin. Mais cet acte n'eut pas de suite et la demoiselle épousa en janvier 1709 Mathieu Millet. (p.3)

Notre personnage demeurera célibataire encore plusieurs années. Le 5 février 1709, Jean Gossin dit St-Germain est témoin au mariage de Pierre Labrèche et de Marie-Anne Lupien.

À la séance du 11 mars 1709 de la Prévoté de Trois-Rivières, le Sieur Le Chasseur est débouté de la prétention d'imposer à Jean Caussin dit Saint-Germain " le paiement des redevances de feu Jacques Passard de la Bretonnière, vu qu'il a joui de sa terre pendant un certain temps " L'intimé se fait représenter à Trois-Rivières par le Sieur Lalongée, alléguant qu'il est âgé, qu'il n'a pas de voiture et que les chemins sont très mauvais pour s'y rendre; il fait expliquer qu'il ne détient d'ailleurs aucun bien de son voisin; s'il en a cultivé la terre, c'est par suite d'une demande faite par madame La Bretonnière, lorsque son mari était parti pour Terre-Neuve. (Histoire de Louiseville, p. 66.)

Jean Gaussin dit St-Germain devait enfin prendre femme; et l'élue fut la soeur de son ancienne fiancée. En effet, en la maison dudit Gaussin, par-devant Daniel Normandin, notaire royal résidant à Champlain, en présence du sieur Beaubien, seigneur de la Riv,-ère-du-Loup, et de Jean Cerlais dit St-Amant, furent ratifiées, le 12 septembre 1711, les conventions de mariage passées devant le révérend P. Bertin, missionnaire récollet, le 10 juin 1711, entre Jean Caussin dit St-Germain et Jeanne Banliac: donation entre vifs, douaire de trois cents livres monnayées.

Le mariage de Jean Gossain, habitant de la Rivière-du-Loup, fils de Jean Cossain et de Jacquille Lengonelles (ou Gengonelles... les documents ne s'accordent ni sur la prononciation ni sur l'orthographe de ce nom) de la paroisse de St-Germain de Bourdeaux (sic) et de Jeanne Banlia (née le 9 juillet 1692), fille(2) de François Banlia dit Lamontagne et de Marie-Magdeleine Pelletier, aussi de la Rivière-du-Loup, avait été célébré le 12 juin 1711, par le P. Bertin, en présence de Michel Trottier dit Beaubien et de Jean Gerlay dit St-Amand (cf. actes de l'état civil de Trois-Rivières). (2 Petite-fille de Jean Banhiac (Banliac) et de Françoise Petit, de Cliantrezac (Charente) au diocèse d'Angoulême. (Voir A. Godbout, o.f.m., op. cit.)

Je connais huit enfants issus de cette union dont: JOSEPH, né le 27 août 1712 et ondoyé à domicile par M. Augé, baptisé sous condition à Trois-Rivières par le P. Siméon DuDont le 29 septembre 1712. Parrain et marraine: le seigneur (p.7) Le 2 mai 1721, sépulture d'un enfant né du 26 avril 1721,, fils de Jean Gaussin et de Jeanne Banhiac, ondoyé par Descoteau. ANTOINE. né le 11-11-1713 bapt. Sous condition à Trois-Rivières le 11-10-1714 THÉRÈSE-CHARLOTTE-JEANNE, b.10-11-1715 d. 02-08-1716 à RdL à 8 mois. JEAN-BAPTISTE, b.13-05-1717 À RDL. Mort jeune. CHARLES, b. 22-02-1719,à RdL ; disparu ? ALEXIS, baptisé à la Rivière-du-Loup le 14 mai 1723, né le même jour. Parrain et marraine: Antoine Trottier dit Pombert et Mar 2 Le-Magdelaine Banhiac. Ne semble pas avoir vécu longtemps. ÉTIENNE, baptisé à la Rivière-du-Loup le 6 décembre 1725. Parrain et marraine: Etienne Ogé et Marianne Ogé. Il se maria en 1753 et eut plusieurs enfants.

Quatre enfants moururent donc probablement en bas âge; après le décès de l'époux (1728), la veuve restera Itchargée de ses quatre enfants mineurs", comme elle l'affirme elle-même (ORDONNANCES DES INTENDANTS, voir plus haut). Revenons à l'ancêtre. Le 13 février 1721, Jean Gaussin participa à l'assemblée tenue à la Rivièredu-Loup pour étudier la question des limites des paroisses qui n'étaient pas encore érigées d'une manière régulière (4). (4)RAPPORT DE L'ARCHIVISTE, 1921-1922, p. 283.

Un "Aveu et dénombrement" fait en 1724 par le notaire Pierre Petit dit que Jean Caussin, le maître cordonnier, a quatre arpents le long de la rivière, avec seulement une maison et dix arpents de terre labourable. Jean Caussin dit St-Cermain exerça toujours, semble-t-il, son métier de cordonnier. Sa veuve affirmera, en 1738, après avoir précisé que Michel Trottier, sieur de Beaubien. seigneur du fief de la Rivière-du-Loup, avait concédé une terre et habitation a " deffunct St. Germain son mary ", par acte du ler mai 1706, qu'il en a " en conséquence pris possession et fait plusieurs défrichements et travaux qui luy auroient occasionné bien des depenses dont il n'auroit pu recueillir le fruit à cause de son deceds " (voir ORDONNANCES DES INTENDANTS).

Cette terre fut l'objet d'un litige, que l'intendant Hocquart eut à tranchera. Tel qu'indiqué déjà, Jean Gaussin dit, St-Germain mourut prématurément, laissant quatre enfants vivants, dont le plus âgé n'avait pas encore seize ans. Je transcris l'acte de sa sépulture, extrait du registre de la paroisse de St-Antoine de la Rivière-du-Loup. " Ce jourd'huy jeudy dix-neuviëme jour de février mil sept cent vingt-huit a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse avec les cérémonies ordinaires par moy prestre missionnaire Rescolest soussigné le corps de deffunt Jean Gaussin dit St-Germain cordonnier de son métier mort hyer au soir sur les quatre heures aprës-midy ayant reçu les Sts Sacrements de Pénitence Eucharistie et Extrême onction avec des sentiments d'une piété véritablement chrétienne âgé d'environ soixante et trois ans en présence de Pierre Lefevre dit Descoteaux, de Pierre Guinard et d'Antoine Degerlais dit St-Aman, lesquels ont déclarés ne savoir signer de ce interpellés suivant l'o'rdre. En foy de quoy jay signé les mesmes jour et an que cy-dessus." (signé) fr. Chérubin Deniau, Ptre. Me. Resc. "

Soulignons quelques passages de ce texte. Jean Gaussin est dit cordonnier de son métier; et ce, vingt-deux ans après qu'une terre lui eut été concédée. Cela ne confirmerait-il pas qu'il exerça toujours son métier de cordonnier? L'âge indiqué, soixante-trois ans, me paraît quelque peu exagéré. Sa veuve convola en secondes noces une couple d'années plus tard.

On trouve, parmi les minutes d'Antoine Puyperoux de Lafosse, notaire en la seigneurie de Berthier, la ratification des conventions de mariage entre Mathurin Berthelot dit Lagiroflée, habitant d'Yamaska, veuf de Jeanne Vanasse, et Marie-Jeanne,Banhiac, veuve de Jean Gaussin, lesquelles conventions avaient été rédigées par le R.P. Salvien Boucher, missionnaire récollet de la Rivière-du-Loup, le 29 mai 1730 (date aussi du mariage -- voir registre de la Rivière-du-Loup), " parce que lors de la bénédiction nuptiale, il n'y avait point de notaire sur les lieux ... ny ne pouvant l'aller chercher à cause des vents contraires ". Ces conventions sont légalisées par de Lafosse, à Yamaska, maison de Berthelot, le 5 août 1730. Elles portent, entre autres choses, que le futur époux " fait donation de l'usufruit et jouissance de tous les biens meubles acquets et conquets immeubles qui lui pourront appartenir au jour de son décès,, sans les pouvoir vendre ni aliéner pendant son vivant et après le décès des dits contractants les biens ne pourront retourner aux enfants de la future épouse procréés de son premier mariage avec Jean Caussin, mais seront fidèlement employés à faire prier Dieu pour le repos de leur âme ". A noter que Mathurin Lagiroflée possédait une terre de six arpents de front dans l'île du Domaine, Yamaska, au "Petit Chenail", du côté du nord-est, qui lui avait été concédée par le seigneur Pierre Petit le 12 juillet 1717 (notaire Véron de Grandmesnil).

L'année 1730 marque donc l'arrivée des Gaussin dit St Germain à Yamaska. Aussi bien, les Dames Ursulines pourront rétorquer, en 1738, lors de la contestation à laquelle j'ai déjà fait allusion: " Il y a huit ans qu'ils l'ont abandonnée (leur terre de la Rivière-du-Loup) et que la dite veuve s'est retirée à Maska ". Cependant, par-devant Me Pressé, notaire, les Ursulines des Trois-Rivières concédèrent la dite terre, le 7 janvier 1737, à Pierre Arsenaux, "à la charge par led. Arsenaux de payer aux héritiers dud. St-Germain la somme de deux Cents Livres, en considération de l'attention et zèle que les d.es Religieuses veulent rendre auxd. héritiers pour ne les point priver des Travaux et des soins que led. Jean Gossain se seroit donné pour défricher une partie de lade terre". Comme les enfants Gossain en 1737 s'étaient mis en devoir de faire valoir la dite terre, Pierre Arsenaux s'y opposa. " Jeanne Bayac veuve de deffunct Jean Gossain au nom et comme tutrice de ses enfans mineurs " adressa.une requête à Hocquart.

Mais celle-ci fut déboutée par un jugement rendu à Québec le 23 janvier 1738 (ORDONNANCES DES INTENDANTS, cahier 26, 1738, fol. 36v.). Et c'est ainsi que la famille Caussin dit St-Germain resta fixée à Yamaska. C'est là que fut inhumée, le 27 février 1750, Marie-Jeanne Baniaque, âgée, dit le registre, d'environ 70 ans (elle en avait en réalité 57), femme de Louis Boissel en 3e noces. Il s'agit, on le constate, de la veuve Caussin

“ Ce jourd'huy jeudy dix-neuvième jour de février mil sept cent vingt-huit a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse avec les cérémonies par moy prestre missionnaire Rescolest soussigné le corps de deffunt Jean Gaussin dit St-Germain cordonnier de son métier mort hyer au soir sur les quatre heures après-midi.(signé) fr. Chérubin Deniau, Ptre, Me. Resc.”