Le nom de famille Antaya

Le patronyme « Antaya » se rattache uniquement aux descendants de François Pelletier et de Marguerite Morisseau, qui se sont mariés le 26 septembre 1661 en la mission Saint-Joseph de Sillery. François est le fils de Nicolas Peltier et de Jeanne de Vousy, originaires de la paroisse de Gallardon en Beauce (dans l’actuel département d’Eure-et-Loir). Il est le premier à porter ce nom, et ce ne sont que ses descendants qui le portent aujourd’hui. C’est donc un nom qui n’appartient qu’aux fils et filles de cette famille-souche québécoise.

À présent, nous ignorons l’origine du nom « Antaya »; le sens originel ne s’est pas transmis à nos jours. De plus, puisque François Pelletier ne savait ni écrire ni signer, il n’existe non plus aucune orthographe originelle de ce sobriquet.

Tout de même, la généalogiste soreloise Louise Pelletier, descendante de l’ancêtre Guillaume Pelletier, avance que « l’origine véritable du nom Antaya provient de souche montagnaise », et qu’il serait apparu pour la première fois en 1641 sous la forme « Antanyé » ou « Antangé ». Elle présente comme preuve à l’appui une carte de Québec datant de 1641 qui montre, dit-elle, l’« emplacement d’une cabane indienne près du ruisseau de la Canardière à Notre-Dame des Anges ». Quoique le nom inscrit sur la carte ne soit pas lisible dans la copie, Mme Pelletier confirme qu’il se lit « Antanyé » ou « Antangé », et qu’il est « probablement un nom montagnais ».

Il y a pourtant un généalogiste qui n’accepte pas les affirmations avancées par Louise Pelletier. Yves J. Antaya, originaire de la Colombie-britannique, a traduit le texte de Mme Pelletier sous le titre « The Antaya Family Story ». Celui-là tient que le nom n’est pas de souche montagnaise (une langue algonquienne) mais plutôt d’origine huronne (une langue iroquoise). Dans sa traduction, il indique des mots typiques montagnais, tels que « Nikabau » et « Pachabanokoué » en disant que ces mots-ci ne ressemblent guère au nom « Antaya ». De plus, il fait mention d’un vieux dictionnaire français-huron, écrit par les Jésuites aux dix-septième siècle, dans lequel se trouvent les mots « antaye » et « ataya », qui signifieraient, respectivement, « près des terres » et « le tabac ».

Les origines d’« Antaya » restent alors un mystère.

Toutefois, nous pouvons avancer avec certitude que la première fois qu’apparaît dans les archives de la Nouvelle-France le nom « Antaya » est le 22 août 1667 au greffe de Becquet : Marguerite Morisseau y est identifiée « la femme de François Pelletier dit Nontayé ». Puis, le 4 octobre suivant, aux délibérations de la Prévôté de Québec, elle est simplement « la femme d’Antaya ». Plus tard, en 1675, François et Marguerite s’achètent la Seigneurie d’Orvilliers qui, peu après, est connue sous le nom de la Seigneurie d’Antaya. En dernier lieu, ce sont les enfants de François et de Marguerite qui porteront le nom « Antaya » et qui le transmettront à leurs enfants, qui eux aussi feront de même. 

Or une année avant la première apparition du nom, soit en juin 1666, François Pelletier se trouve parmi les 300 Français et Indiens qu’amène le Capitaine Pierre de Saurel contre les Iroquois qui avaient tué et capturé six ou sept soldats français. François a-t-il donc fait quelque chose de méritoire pendant la campagne pour mériter un surnom? Étant donné que c’était une expédition contre les Iroquois, on pourrait se demander quels Indiens accompagnaient le Sieur de Saurel. A l’époque, les Français maintenaient principalement des relations avec les tribus algonquiens: le Micmac, le Montagnais, l’Algonquin, l’Attikamek, le Népissingue, l’Abénaquis, l’Outaouais et l’Ojibwé. Le nom «  Antaya » vient-il donc d’une langue algonquienne? Ou est-il dû plutôt au mariage en 1660 de François avec Dorothée, la « sauvagesse » mentionnée dans le Journal des Jésuites? Ou n’est-il lié à aucun événement spécifique? Il se pourrait qu’il soit un surnom lui donné par ses amis et ses voisins habitant Sillery, qu’ils soient Amérindiens ou non; ou par ceux avec qui il commerçait, ailleurs. François était après tout un habile coureur de bois et il aurait sans doute eu des contacts un peu partout dans la société amérindienne de l’époque.

Pour l’instant, donc, la question des origines du nom « Antaya » demeure un mystère; un jour peut-être une réponse définitive s’établira, nous l’espérons bien.

 

Bibliographie


Benoit Pelletier Shoja,
courriel : LaFranceLaPerse@gmail.com
28 février 2005

 

©Association des Familles Pelletier Inc.